Le 4 avril 2013, j'ai la chance, grâce à notre ami Samawi Bouchaïb de l'ASBL Droit et Devoir, de participer à un duplex de la RTBF, pour la matinale de 7h40. Le sujet: "les imprimantes 3D vont-elles changer le monde ?" L'émission dure jusqu'à huit heures. Durée suffisante pour s'exprimer, même pour les trois invités que nous sommes : Sam et moi très sympathiquement installés dans un studio de Mons, le troisième participant, du centre de recherche Sirris et l'animateur, Robin Cornet, à Bruxelles.
A notre arrivée, un journaliste nous prévient: "Les imprimantes 3D, tout le monde ne parle que de ça depuis hier". Bonne idée le projet Declic'Industrie, les journalistes sont intéressés, le grand public également, et nous avons déjà vérifié que c'est le cas des stagiaires et des formateurs.
Je parcours mes idées : FormaLab, compétences clés pour l'emploi, apprendre par la pratique, plaisir d'apprendre, motivation, mieux connaître les objets qui nous entourent, découvrir les métiers de l'industrie, apprendre à réparer et recycler...
A 7h39, l'animateur nous prévient, comme nous sommes trois, il n'est pas possible de créer un échange, les auditeurs seraient perdus. Nous parlerons donc l'un après l'autre. Les thèmes sont préparés. Je commencerai par expliquer le fonctionnement des imprimantes 3D, puis le chercheur parlera des applications et Sam conclura sur les perspectives d'emplois induits en Wallonie. Est-ce que cela nous convient ? Non, mais c'est trop tard. Evidemment, je n'arrive pas à expliquer clairement le principe de l'impression. Heureusement, je connais l'ordre de prix du rouleau de plastique. Sirris annonce des applications avancées, très éloignées des capacités de nos petites imprimantes, les applications en médecine, en aéronautique où la technique de l'impression 3D permet de produire des pièces très complexes.
Puis l'animateur, qui a préparé son sujet, et qui semble vraiment s'y intéresser, enchaîne sur les dangers, droits d'auteur, sécurité, jouets d'enfant, pièces de voiture. Comme si toutes ces questions ne devaient pas se poser indépendamment des imprimantes 3D (dans une autre émission, éventuellement avec d'autres invités). Les pièces de voiture contrefaites sont déjà usinées ou moulées et vendues. Les jouets toxiques ou dangereux sont produits à la chaine et se retrouvent parfois dans les magasins.
Sam raccroche comme il peut à la formation, qui justement, dit-il, est nécessaire pour prévenir ces dangers (on n'a pas encore pu parler de formation). Je voudrais pouvoir dire que les tronçonneuses, de vente et d'utilisation libre sans obligation de formation, continueront de massacrer bien plus que les imprimantes 3D, même quand nous en aurons chacun une dans notre garage.
Les photocopieuses ne contribuent-elles pas en permanence à limiter la rémunération des oeuvres de l'esprit ? Mais parle-t-on du danger des photocopieurs à la radio, alors que tout le monde y a accès ? Forme-t-on les personnes à leur usage autre que pratique ?
Les imprimantes 3D, vendues en kit entre 800 et 2000 euros ne sont-elles pas plus proches du paquet de crayons de couleur que l'artiste amateur peut utiliser pour aller copier un tableau au musée ? Proche par la lenteur, la précision, et jusque dans les compétences requises pour obtenir une "belle" copie.
Pourquoi, quand une (plus ou moins) nouvelle technique arrive, se précipite-t-on sur ses supposés dangers ?
Dommage qu'on soit à la radio et qu'on ne puisse pas montrer l'Ultimaker de nos collègues de TimeLab, peinte en rose et qui imprime principalement des bijoux, bagues, bracelets, colliers. Rose, pour les filles, mais ici le cliché reste un clin d'oeil.
Télécharger et écouter l'émission
Une Ultimaker rose dans les locaux de Droit et Devoir (Mons, Belgique, avril 2013)